Si différente des autres depuis le Commencement,
Tu t’insinues en moi avec une inlassable patience,
Sans le savoir ni le vouloir, comme l’oiseau parcourt le ciel,
Porté par les courants, selon le même art qui s’enfuit.
J’aime que tu t’enfonces ainsi, canalises mes mots,
Domptes ma fougue, m’offrant pour toute réponse
Ton autorité naturelle, instinctive et sereine.
J’aime quand tu me souris, me tends la main,
Quand tes yeux noirs m’embrassent ;
J’aime ces instants parfaits où ta douceur m’habite,
Dans cette pure présence d’évidence, de splendeur.
Confiant, abandonné, je sais que seul compte
Ton royaume aimant ; je te suis à la trace,
Si proche, si loin, ici, ailleurs.
J’explore ton archipel, accueille ton univers ;
Je bénis ta grâce, dépose à tes pieds
Jalousie et méfiance pour m’ouvrir enfin à la sérénité,
Passer de la fureur à la douceur d’aimer.
Nous nous perdrons demain, après-demain, qu’importe !
Sois à moi, autant que je suis à toi,
Dans la pleine conscience de nos soleils intérieurs.
Mort à l’éternité, douteuse et pathétique ;
Et mort à l’idéal, trompeur et misérable.
Vive le ciel de nos heures lumineuses !