
La comédie familiale c’est en quelque sorte la grande comédie humaine dans laquelle nous baignons. Celle d’une famille bourgeoise éclatée. Des portraits taillés au couteau de cuisine japonais, délitant les personnages avec une précision d’horloger Suisse..
On pense rapidement à Balzac qui a créé un univers non manichéen lui aussi. A sa fresque énorme déroulée sur plus de quarante titres.
Mais ici ce qui est original en outre c’est que chaque personnage s’exprime, s’explique, se montre sans censure, ne nous épargne rien. Pas d’échappatoire, tout est dit sans fuite, sans faux semblant. Chacun est l’épicentre de son univers où il règne sans partage.
Toute une famille épluchée, décortiquée avec une pointe d’épices, un soupçon de malice et une bonne dose de réalisme.
En général quand il y a une étude familiale, il y a l’auteur qui peint les personnages uns à uns et se peint lui aussi avec indulgence parfois. Dans ce livre c’est chacun qui parle chacun son tour, et qui s’expose sans malice avec une désinvolture déboussolante, même l’auteur et ils ne s’épargnent pas…
Où est l’auteur vont dire les lecteurs, il se cache, il est là pourtant au milieu du stand de tir. Il reste dans la ligne de mire, le ton est donné et gardé pour tous, une lucidité, une franchise qui expose les êtres sans indulgence.
Mais, avouez le, il donne fort bien la parole à tous les membres de sa famille qui l’entourent..
C’est absolument jouissif, précis, chaque personnage nous entraine derrière lui . Les situations se télescopent, se poursuivent s’entrecoupent. La vie de famille se déroule.
Est ce l’imagination qui porte ce récit ou une formidable observation qui s’appuie sur une mémoire qui note tout, le consigne et le restitue. C’est là qu’on rejoint Balzac.
Fabrice Glockner sait à merveille peindre ses semblables, trouver le mot, la situation, développer une action même à l’intérieur d’une frise dont il a posté les éléments constitutifs. Tout est balisé, maitrisé, précis, sans état d’âme. Tout est exposé au mieux.
On dévore avec plaisir ces lignes, ces pages, on va de chapitre en chapitre sur les traces des personnages se délectant d’un verbe bien maitrisé et d’un récit captivant. La fresque est là devant nous avec une foule de détails, des personnages bien définis et un récit sans failles. Quelle famille !!!!
Jean Michel Gautier