
Fils d’amour flamboyants aujourd’hui distendus. Ne restent que les lointains effluves d’un amour mis à mal, d’un amour mis à mort ! Et encore quelques gouttes de ton parfum, Soir de Lune, essayant vainement de peupler un flacon de souvenirs béants qui me labourent encore parfois le crâne.
.
Aujourd’hui, je me suis senti un peu mieux. Comme en sursis. Pour combien de temps ? Je sais que j’ai vécu le plus beau de ce que j’avais à vivre. Jamais je ne retrouverai une telle intensité, une telle pureté, une telle perfection. Il faudrait que j’arrive à faire le deuil. Faire le deuil : quelle horrible expression ! Et peut-on vraiment faire le deuil de son idéal ?
.
Jacques Segalen parle de l’étonnant pouvoir de l’absence. Ces mots me bouleversent.Oui, tu es là partout, dans le temps qui passe, dans les mots que je trace, dans ma vie qui s’enfuit. Inoubliable, là est ton vrai pouvoir -encore au-delà de l’intensité. Tu es là partout, et tu n’es plus nulle part!
.
Rien ni personne ne te remplacera. Tu es là en moi, indéracinable. Je conserve, vive, la certitude la vérité d’avoir aimé, la certitude d’avoir été aimé.
.
Malgré les jours qui s’étirent, malgré cet affreux silence, malgré l’autre aux portes de mon désir, tu restes inoubliable. La femme qui ne passe pas. La femme qui surgit à l’improviste. Sur une musique. Sur une image. Sur un poème. Il y a deux heures encore sur Nina Simone :
I love you anyhow
And don’t care il you don’t want me
I’m yours right now
I put a spell on you
Because you are mine…
You know…
Et j’ai été parcouru de frissons charnels, et j’ai senti les larmes, juste là, derrière mes paupières, et j’ai fermé les yeux, et tu m’as tendu la main…