Remember !

Le Beau Couple, souviens-toi ! 

C’était toi et moi, c’était nous,

Dans la rue, au théâtre, partout

Où nous passions, nous étions remarqués,

Les yeux illuminés de désir et de vie.

Je sentais ta hanche siamoise,

Te serrais au creux, au plus près,

Tu embrassais mes yeux, tu me parlais sans mot, 

Au Salin-de-Giraud, auprès des flamands roses,

A l’autre bout du monde, la brousse calédonienne,

Dans les rues d’Avignon, les ruelles de l’Alfama,

Les traboules lyonnaise, les avenues parisiennes, 

Partout vibrait fort notre Amour.

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Le Beau Couple, souviens-toi !

C’était toi et moi, c’était nous, juste avant le désastre,

Les paroles qui tuent, nos dialogues de sourds, 

Et les rapports de force d’un amour impossible,

Mes provocations, mes écarts de conduite,

Tes danses lascives aux bras d’inconnus,

Mes alcools mauvais, mes affabulations, 

Tes dissimulations, tes mensonges éhontés.

.

Le Beau Couple, souviens-toi !

Ce je-ne-sais-quoi étrange, fascinant, 

Sur les traces duquel les passants se retournaient ; 

Sans le savoir ni même le vouloir,

Nous ne formions pas seulement un Beau couple, 

Creux, banal, insignifiant ; 

Nous avions la fibre artiste, nous dégagions un souffle,

Une harmonie subtile, spirituelle et charnelle, 

Sachant nous enfoncer dans les profondeurs inconnues,

Sans pour autant cesser de virevolter là-haut.

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C’est si long à construire, un aussi bel Amour ;

C’est bâti sur le sable de l’espoir insensé,

Telle la maturité unie à une chimère d’enfant,

Une étrange alchimie impossible à penser, impossible à cerner,

A laquelle les hommes aspirent depuis la nuit des temps,

Ce que chantent les poètes, les rêveurs, les malades, les fous ;

Cela se brise comme du verre !

.

Un Beau Couple nous formions, souviens-toi !

C’est si rare, si précieux, trop parfait pour durer,

C’était toi et moi, c’était nous, c’était hier ; 

Ce fut jamais !