Symphonie

Parfois je vous rejoins, pour un oui, pour un non :

Chocolat, Soir de Lune, brosse à dents, savon, 

Une odeur, un foulard, un mégot,

Resté là, oublié dans la nuit, le matin.

Souvent je pars vers vous, mon esprit vagabonde,

Ma pensée s’envole vers votre monde de l’air.

.

Mais j’ignore souvent ce qui se trame en vous,

Tour d’ivoire impossible à cerner,

Monde inaccessible : nos codes diffèrent tant,

Etonnamment étrangers l’un à l’autre.

J’aurais espéré trouver à vos côtés

Le bel amour tacite qui se passe de mots,

Nos désirs, nos sourires et nos cœurs unifiés.  

Folie rétrospective de croire à la fusion ! 

Nous sommes trop différents : moi, classique, empesé  

Et si peu spontané et bien trop ombrageux,

Pour vous l’imprévisible et bohême nature,

Elégante, haut perchée et fuyant les conflits,

Le regard juvénile -rien ne nous rapproche.

.

Merci pour ces instants la nuit dernière,

Sur la Symphonie Inachevéede Schubert,

A la fois inquiète, mélancolique, et tendre, épanouie,

Sombre marche du destin, étirement du temps,

Voyage dans les profondeurs, tendue vers l’infini.

Je n’ai jamais été sucé si longuement

Aussi voluptueusement et autant caressé 

Par une reine finissant par avaler mon sperme ; 

Consciencieuse, habile à n’en pas perdre goutte,

Elle m’aspire et me boit jusqu’au suc de letchis,

La chatte en feu d’Herpès qui aiguise son désir –  

Impossible de gouter à son orange sanguine !  

.

Mais cette reine ardente se tape, au fond,

De moi, de mes mots, mots d’idiot : c’est mon lot

De passer mes journées à guetter ses messages,

Si rares, si laconiques, si méfiants, 

Qui emplissent mes tempes indociles

D’émois et de frissons délicieux et fragiles, 

Ou le son de sa voix si lente, si caressante,

Qui me ditMon Amour sur un ton d’évidence 

Ou de facétie affectueusement badine,

Comme si j’étais empereur d’un rêve qui s’enfuit, 

Pourtant illuminé de joie et de laurier.

 . 

Aujourd’hui seul avec mes chères angoisses,

J’écoute L’Inachevée qui fait pleurer mon cœur,

En embrassant mon ciel, et court dans mes artères ;

Mes dents se rient de moi face aux rimes fuyantes !

Je t’enlace, je te perds ; je bois, à ta santé, à nous,

A la nuit, au matin, à l’aurore, à L’Heure Bleue,

A l’amour, à la mort, au temps qui court, à l’irréel,

A ces instants subtils où ma chair morte de joie

Veut encore tes caresses, si limpides, aériennes, 

Jusqu’à saturation sur le ciel de ma peau.

.

Je me serre tel un fou dans ta présence absente, 

Dans les mots et les vapeurs d’alcool qui me gonflent

De l’orgueil d’embrasser tes mégots déposés dans la nuit,

Telle la mortelle offrande d’un désir inlassable. 

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