
Charles Baudelaire, un Frère en Idéal : un magnifique dialogue imaginaire
Baudelaire veut entrer dans la loge il rencontre à cet effet le grand maître. Dialogue exquis entre deux intellectuels que bien des points rapprochent alors qu’on aurait pu penser le contraire. Mise à plat des idées de Baudelaire sur la littérature et la vie. Au moment où il « entre en littérature », Baudelaire est partagé entre deux courants littéraires : le romantisme marqué par Lamartine et Hugo et le Parnasse où se trouvent Gautier et Lecomte de Lisle. Il y a dans le romantisme une liberté créatrice, un anticonformisme, le mot est tout puissant et par ailleurs il trouve dans le parnasse des arguments et des valeurs qui lui conviennent.Il va cependant inventer une troisième voie qui est la modernité.
On va ressentir tout cela dans cette discussion de haut vol, dans cette appréciation mutuelle de ces deux hommes car il n’y a pas d’opposition, mais une vraie compréhension, un partage. L’échange est vivant, vibrant de toute part. Les deux hommes s’apprécient et se respectent car ils se retrouvent sur un même terrain, non pas pour une joute mais pour parcourir un même chemin.
Fabrice Glockner a écrit un magnifique dialogue fort bien documenté et argumenté, d’un réalisme inoui. On y voit un Baudelaire en pleine grâce au mieux de sa forme alors que chronologiquement il lui reste peu de temps à vivre…mais la démarche est olympienne, l’argumentation limpide. Le grand maître est plein de sollicitude, il apprécie Baudelaire, il le lui manifeste fréquemment. Tout le disloque imaginé est comme un vrai dialogue tant il est bien documenté..Bien sur le style est à la hauteur de l’exploit, on baigne en plein romantisme. Alors qu’il s’agit d’une épreuve pour rentrer dans une loge maçonnique, on a une discussion vivante et passionnante loin des carcans et des barrières que l’on aurait pu imaginer. C’est remarquable !
Jean Michel Gautier